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Nous re partons faire un tour
23 mai 2020

Dernier voyage

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J’ai déjà évoqué la période dépressive d’un retour d’une grande croisière. J’avais indiqué les différents modes de traitement d’une telle dépression et les moyens que nous avons choisis pour pallier une telle situation. Ceci est appliqué et notre dépression post- croisière en bonne voie de guérison. Alors, ne me voyez pas pessimiste dans le titre choisi pour cet article. Il ne s’agit que de la dernière partie de notre voyage. Après avoir posé les pieds sur le quai de la Joliette, nous avons rejoint notre havre de paix à Tamaris, pour y passer une tendre période de confinage. Certes les deux oiseaux ne pouvaient guère voler, mais leur nid était chaud et confortable. Puis, au petit matin du 11 mai, la porte de la séquestration territoriale s’est entrebâillée. Nous avons attendu quelques jours, puis tranquillement, nous avons chargé notre vieille Twingo rose avec les 250 kg de bagages qui nous ont suivis tout au long de notre périple. N’étant ni l’un ni l’autre du style maigrelet chétif, nous avons ajouté notre surplus pondéral sur les sièges avant de cette belle limousine. Nous avions le sourire, nous rentrions à la maison.

Un moment plus tard, sur l’autoroute, nous avons suivi la cabine d’un camion qui se trouvait à environ un mètre du capot de ma vieille complice. (Je parle de la Twingo !) C’était grisant. Je voyais nettement le chauffeur qui se grattait la nuque, peut-être un peu d’exéma. Les mains sagement posées sur les genoux, nous regardions défiler le paysage. Aux voitures qui nous dépassaient, nous avons pu offrir un sourire aux conducteurs et passagers pour leur souhaiter une bonne route. Il est vrai que nous avions une situation très supérieure à la leur. Le temps était beau et le bonheur de notre voyage tenait encore beaucoup de place dans notre esprit. Sans toucher à aucune commande de la voiture, je l’ai sentie glisser vers l’arrière et se poser avec délicatesse dans la cour d’un garage d’Aubagne. Là encore, le ciel était bleu, le soleil magnifique. Le gratteur de nuque est venu jusqu’à moi pour me demander de le suivre jusqu’au bureau du garage. Ce que nous avons fait volontiers puisqu’il avait une apparence très sympathique.

Ai-je sauté une étape, et omis de vous dire que, après une déclivité ascendante de l’autoroute, juste à l’arrivée vers la barrière de péage, ma complice de 25 ans a décidé de manière unilatérale que s’arrêtait là notre collaboration. Le moteur a cassé, sans doute volontairement. Des composants internes ayant pris quelques velléités d’indépendance. La voiture s’est ainsi arrêtée là, avec l’élégance de ceux qui décident de leur fin de vie dans un lieu sécurisant pour leurs proches. En gestionnaire efficace de la sécurité, une opératrice de l’autoroute a fermé les barrières de la voie derrière nous en signe de deuil, préservant notre intimité pour un instant de dernier recueillement. C’est de cet endroit exact que dans la gaité de cette belle fin de vie, nous avons pu naviguer sur le plateau d’un corbillard de dépannage. Après une grande croisière de luxe, nous connaissions la déchéance du retour contrits et forcés. Malgré, la gentillesse des gens du garage qui ont établi l’acte de décès et le certificat d’inhumation de la Twingo, nous l’avons abandonnée là, au fond d’une cour au sol fangeux entourée d’autres cadavres squelettiques. Encore de la gentillesse, celle de notre assureuse qui nous a délégué un taxi qui, malgré une marque allemande prestigieuse, s’est montré incapable de charger l’ensemble de nos bagages. En cordialité limitée, considérant sa mission terminée, il nous a posés devant une agence de location de voitures qui était fermée. Ah, qu’il est bon de profiter de ce soleil de Provence en cette fin de matinée, assis côte à côte sur un petit muret de béton le long d’une bretelle d’une voie rapide. Le bonheur est arrivé une heure plus tard par la présence d’une charmante dame qui donnait des apparences de surmenage. Ce surmenage, nous l’avons accentué très sensiblement en lui disant que nous venions chercher une voiture réservée par notre assureuse. Elle n’était pas au courant, et n’avait pas de voiture disponible. Mais, les vertus virtuelles de l’informatique lui ont permis de retrouver la demande de notre compagnie d’assurance. Alors, avec un grand sourire, elle nous a annoncé la grande nouvelle en nous disant qu’une collègue de Bandol allait nous livrer une Fiat 500. Moi aussi j’ai beaucoup ri à l’écoute de cette bonne nouvelle. Je lui juste demandé de me conseiller pour trouver une bonne bonne méthode pour faire entrer 250 kg de bagages et deux personnes de corpulence très moyenne dans cette petite merveille de l’industrie automobile transalpine. Bien que non conductrice de camion de dépannage, elle aussi s’est gratté la tête. Sans doute une habitude méditerranéenne. Elle a finalement convenu qu’il était nécessaire de trouver une voiture plus volumineuse. Elle l’a trouvée. Alors, pour faire court de ce temps paisible sur notre muret, à peine quatre heures après notre panne, nous avons eu la livraison d’une splendide Clio. Ainsi, après un parachèvement de notre bronzage nous nous sommes installés dans une voiture parfaitement fonctionnelle.

Bouton de contact, le moteur ronronne. Clignotant à droite, nous sommes partis. Une rapide escale au garage d’Aubagne pour récupérer le reste de nos bagages et direction le nord, vers notre maison. Autoroute tranquille, bonne voiture, nous n’aurons mis que 10 heures pour faire nos 380 km. Ainsi nous avons retrouvé la vitesse de croisière de notre cher bateau. À l’arrivée, un grand sourire, celui de Céline. La distance sociale s’est amoindrie le temps d’une embrassade. Le gazon du jardin était bien tondu, merci Nino. La maison accueillante. J’ai rapidement retrouvé mon placard des apéritifs pour trinquer au bonheur du retour nous étions enfin chez nous, le planisphère de notre projet de voyage était toujours contre le mur. Le projet était devenu une réalité. Nous avons déposé nos bagages en tas dans le salon en attendant de trouver un moment de courage pour déballer tout cela. Que de bavardages avec Céline ce soir-là ! Bonheur de se retrouver. Samedi prochain, nous retrouverons le reste de la tribu à Communay.

Le lendemain, après quelques courses et un repas rapide très différent des festins que nous avons connus pendant quatre mois, nous sommes partis vers l’aéroport de Saint Exupéry pour rendre cette belle Clio de location. Entrée du parking spécifique de la société Europcar, gaiment à notre arrivée, la barrière se lève. Nous entrons dans le sas pour attendre l’ouverture du deuxième portail. Il ne s’est jamais ouvert. Difficile contact téléphonique. La seule gourde que nous avons pu joindre téléphoniquement, à chercher à nous expliquer qu’elle ne savait pas quoi faire. D’ailleurs, elle n’a rien fait. Nous donc restés plantés là entre eux barrières pendant une heure. Le soleil était beau, notre bronzage progressait. D’autres voitures s’étaient entassées dans le sas derrière nous, avec le même bonheur d’un confinement champêtre. Nous avons laissé cette belle automobile-là, un peu en vrac dans un coin de parking qui ne lui était pas dédié. Notre gentille assureuse, encore elle, nous délégué un taxi pour rentre sain et sauf à Chassieu. Nos pantoufles étaient derrière la porte, l’aventure était terminée. Le tour du monde s’arrêtait très naturellement sur notre paillasson.

 

Un retour n’est que l’attente d’un autre départ

 

 

Pierre Delphin - lundi 18 mai 2020

 

 

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Ce blog est maintenant terminé merci de nous avoir accompagnés pendant ce voyage.

Votre présence s’est ajoutée au soleil pour nous apporter la chaleur de votre amitié.

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  • Quelques mots, quelques photos, quelques confidences pour partager avec notre famille, nos amis, nos bonheurs et nos découvertes lors de ce merveilleux voyage qui partira le 6 janvier de Marseille et qui se terminera dans le même port le 4 mai 2023.
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