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Nous re partons faire un tour
12 février 2020

Ça tombe mal

 

 

Ma montre affiche 19h40. J’ai le temps d’écrire. Le repas est servi à partir de 21h00. Ce soir, la mer est grise. Le ciel est gris de gentils nuages qui s’étalent paresseusement sur l’infini. C’est une journée de transition, demain en sera une autre. Nous remontons vers le nord, c’est-à-dire vers l’équateur. Mais la grisaille du temps n’entame pas notre optimisme pour apprécier la beauté de cette croisière.

Hier, nous étions à Valparaiso. Ce nom, nous nous en souvenons dans les paroles de chansons anciennes. Il faut le dire nous avons été un peu déçus. La ville est pauvre, très pauvre. Mal gérée, comme l’est tout le Chili dans son ensemble. Il faut aller sur les hauteurs pour avoir un point de vue global.  Très colorées, des maisonnettes s’accrochent aux collines à forte pente. Pour rejoindre ces maisons, de nombreux funiculaires brinquebalants qui ne donnent pas trop envie d’essayer. Il y a aussi un ascenseur passe du quartier bas au quartier haut. Là, nous avons fait l‘essai avec nos amis Jean-Paul et Maryse. Imaginez un passage de béton qui vous conduit à un guichet. Derrière, un homme saturé de télévision vous demande 100 pesos comme frais du voyage. (il faut 888 pesos pour faire un euro) Un long couloir humide nous conduit jusqu’à la merveille de la technologie du siècle dernier. La cabine de l’ascenseur s’ouvre à notre arrivée. Un liftier, rongé par l’ennui et la solitude est assis sur un objet que l’on peut qualifier de chaise. Il appuie sur les antiques boutons. La cabine monte, sans trop de bruit. La porte s’ouvre et là, merveille, nous sommes sur une étroite plateforme en bois pour contempler la ville. Clic, clac, les photos témoigneront que la misère peut être belle lorsqu’elle est vue de loin. Au bout de la plateforme, une passerelle nous permet de rejoindre la ville haute pour aller au plus près du quartier. Nous escaladons un escalier de pierre. Ici, rien n’est moche, rien n’est joli, nous respirons l’air de la ville. Décision de redescendre. Je passe un peu avant les amis dans l’espoir d’immortaliser un dernier cliché.

Dès la première marche, le talon de mon pied gauche a dérapé sur le bord de la pierre. Je suis parti en avant et en débandade en surfant sur les marches suivantes. J’ai pu éviter de justesse un impact sans douceur avec un mur de béton repeint d’une jolie couleur rouge. Comme la danse m’a donné un peu de souplesse, j’ai préféré faire un pas de côté pour que le contact s’établisse avec une palissade en tôle ondulée, très laide. Cette rencontre m’a valu une petite estafilade sur le crâne, on ne va quand même pas pleurer pour cela. Mais dans son accueil plein de souplesse, la palissade qui n’avait aucune acrimonie envers moi m’a fermement rejeté alors que ma visite était purement touristique et amicale. De ce fait, elle a fait une passe homologuée, légèrement en arrière avec l’arrêt de la dernière marche qui n’avait aucune envie d’être un lieu d’accueil. Voulant quand même me laisser un souvenir bien marqué de mon passage, elle m’a tapé du haut de la cuisse au milieu du côté droit, à la hauteur des côtes. En pleine affectivité, je suis resté un moment étendu le long de la marche. N’ayant jamais donné dans le noble art de la boxe, je crois que c’était mon premier KO. Bien sûr, Annie a eu très peur, elle a accouru, affolée avec Maryse et Jean-Paul. Aidés par deux gentils indigènes, ils m’ont remis sur pieds. Quelques mouvements basiques pour constater que tous les os étaient intacts et que j’étais capable de me tenir droit sur mes pattes. Maryse, précautionneuse, a sorti de son sac un petit pansement pour étancher le surplus sanguin de mon front. Nous sommes ensuite rentrés au bateau, à pieds, tranquilles. Aujourd’hui, lorsque je regarde ma frêle carcasse dans le miroir de la chambre, je vois essentiellement du bleu, couleur changeante, pleine d’harmonie. Étrangement, cette immense surface bleue ressemble à la forme de l’Amérique du Sud, un forma de solidarité de ma part.

Quelques jours auparavant, une bronchite coquine s’était invitée en séjour dans ma tuyauterie respiratoire. Le cumul des deux incidents me pose quand même quelques problèmes, car lorsque je tousse pour la dernière pathologie, une côte fêlée me fait faire des grimaces de douleur.

Mais, comme cela a été le cas tout au long de ma vie, j’ai auprès de moi de gentils amis. Annie est à mes côtés, toujours avec sa gentillesse, toujours avec sa tendresse et sa douceur. J’ai la chance d’être bien entouré dans ma vie, c’est cela mon vrai bonheur. La croisière continue, demain encore la mer, après, nous irons nous balader dans la petite ville d’Arica d’où je vous donnerais l’évolution de mes petits problèmes.

 

Si vous souhaitez faire un commentaire sur cette nouvelle, merci de vous abstenir de mots tristes, faites-moi rire. Si ce n’est pas pratique avec ma côte fêlée, c’est bon pour mon esprit.

 

© Pierre Delphin – 11 février 2020

 

 

 

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Commentaires
C
Après Mal par les Os, Arnica !
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Y
Bon alors j'y vais de bon cœur.... rien de "méchant" j'en ris donc avec vous. Prudence jeune homme 🤔😀
Répondre
Nous re partons faire un tour
  • Quelques mots, quelques photos, quelques confidences pour partager avec notre famille, nos amis, nos bonheurs et nos découvertes lors de ce merveilleux voyage qui partira le 6 janvier de Marseille et qui se terminera dans le même port le 4 mai 2023.
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